Je ne vous présente plus l’anorexie et la boulimie, les deux
troubles du comportement alimentaire les plus connus et répandus. Mais depuis
quelques années, émerge une nouvelle pathologie alimentaire, qui a été identifiée et
décrite par le Docteur Bratman : l’orthorexie.
Qu’est-ce que
l’orthorexie ?
Contraction des mots grecs « ortho » :
correct, et « orexie » : appétit, l’orthorexie consiste à un
contrôle obsessionnel de la nourriture ingurgitée, qui doit être parfaitement « saine »
(concept complètement illusoire).
La notion de minceur n’entre absolument pas en compte, à
la différence de l’anorexie et de la boulimie. C’est donc un trouble
alimentaire d’ordre qualitatif et non plus quantitatif.
Ce trouble a été décelé à la fin des années 90, et est, entre autres,
la conséquence des conseils alimentaires dictés, dans une moindre mesure par le
monde médical, mais surtout par les médecines non conventionnelles (naturopathes,
acupuncteur, phytothérapeutes …) et largement
relayés par les médias et l’industrie agro-alimentaire. En exemple : l’émergence du
« Bio », des Labels, des alicaments et autres aliments
« santé », mais aussi la diabolisation de certain aliments ou
nutriments (le gluten, le lait de vache, l’huile de palme, les graisses
hydrogénées …). Ces conseils généraux, deviennent, pour les orthorexiques, des
règles impératives à suivre au pied de la lettre et vont jusqu’à générer une forme
de psychose.
Pourquoi est-ce
dangereux ?
Il est effectivement légitime de se demander en quoi une
alimentation excessivement saine peut-elle être mauvaise.
Tout réside dans le « excessivement » bien
entendu, car l’excès, quel qu’il soit, n’est jamais bon.
Ainsi, chez
l’orthorexique, tout aliment devient source de méfiance : il ne faut pas
manger trop de sel (mauvais pour le cœur), ni trop de sucre (incidence sur le
diabète), ni de graisses saturées (cholestérol), il faut consommer des fruits
et des légumes (pour éviter les cancers) mais uniquement bio et sans pesticides
(pour la même raison), il faut éviter tous les conservateurs, les additifs, les
colorants, il faut consommer des produits céréaliers complets, éviter le pain
blanc, bannir le lait de vache, mais aussi le soja (phytohormone) etc …
L’orthorexique pousse à l’extrême l’idée d’une
alimentation saine, à tel point qu’il va rapidement mettre de côté toute vie
professionnelle et familiale normale, en s’isolant socialement. Sa quête de
l’alimentation parfaite l’obsède à tel point qu’il peut passer plus de 3 heures
par jour à penser et organiser ses prises alimentaires.
Il perd par conséquent
tout plaisir gustatif : pour lui, manger a uniquement pour but de
vivre plus longtemps et en meilleure santé.
Une maladie
d’actualité
Depuis une 15 aine d’années, il ne se passe pas une
semaine sans que les médias ne nous alertent sur un aliment potentiellement
dangereux : la maladie de la vache folle, la tremblante de l’agneau, la
grippe aviaire, les organismes génétiquement modifiés, les bactéries (E. Coli),
la dioxine, les métaux lourds dans les poissons, l’aspartam cancérigène, le
lait de soja riche en isoflavone etc …
Par ailleurs, les
organismes de santé cumulent les recommandations alimentaires : pas
trop de sucre ni de graisses saturées, 5 fruits et légumes par jour, des
produits laitiers à chaque repas etc …
tout autant de conseils certes bons à prendre, mais les orthorexiques ne font
pas la part des choses et appliquent tout cela sans discernement, comme de
véritables dogmes. Le moindre écart est une vraie faute qui devient source de
culpabilité énorme voire même d’angoisses.
Comment en faire le
diagnostic ?
Le Dr Bratman en 1997, a mis au point un petit test
permettant rapidement d’identifier ce trouble alimentaire en quelques questions
ci-après :
-
Passez-vous plus de 3 heures par jour à penser à votre régime alimentaire ?
-
Planifiez-vous vos repas plusieurs jours à l’avance ?
-
La valeur nutritionnelle de votre repas est-elle, à vos yeux, plus
importante que le plaisir de le déguster ?
-
La qualité de votre vie s’est-elle dégradée, alors que la qualité de votre
nourriture s’est améliorée ?
-
Êtes-vous récemment devenu plus exigeant(e) avec vous-même ?
-
Votre amour-propre est-il renforcé par votre volonté de manger sain ?
-
Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments
« sains » ?
-
Votre régime alimentaire gêne-t-il vos sorties, vous éloignant de votre
famille et de vos amis ?
-
Éprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de
votre régime ?
-
Vous sentez-vous en paix avec vous-même et pensez-vous bien vous contrôler
lorsque vous mangez sain ?
Selon
lui, une réponse positive à plus de 4 de ces questions révèle une tendance à l’orthorexie, et une réponse
positive à la totalité des questions révèle une orthorexie avérée et sévère.
Attention donc à ne pas prendre pour argent comptant
toute recommandation alimentaire quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne.
Si certains conseils sont de bons sens et donc
évidemment bons à prendre (limiter la
« junk-food », manger des fruits et des légumes frais et réduire les
graisses saturées …), il ne faut cependant pas oublier que manger doit avant
tout être une source de plaisir et que le meilleur remède santé réside dans la
variété de ses menus. Un verre de vin, une assiette de frite ou même un
hamburger de temps en temps n’a jamais tué personne !
Il n’y a pas UNE liste d’aliments qui contiennent tout ce
qui est bon, et rien de mauvais, mais il
y a tous les aliments qui apportent chacun une pierre à l’édifice de
l’équilibre alimentaire et d’une bonne prévention médicale.
Et encore une pathologie dont je ne suis pas atteinte, merci lise ça fait toujours plaisir :)
RépondreSupprimerSinon j'attends la suite de ce billet ! (le pamphlet anti sugar/gluten/dairy free !)
Oui, on a beau être tous un peu hypocondriaques à nos heures, on ne peut pas non plus TOUT avoir :)
Supprimer(sur ce je vais me faire un café au lactose, même pas peur!) ;)