La vérité sur Yuka





Après quelques semaines (mois?) d’absence sur le blog pour cause de tourbillon de la vie et de quotidien chamboulé, je reprends avec plaisir mon clavier pour vous parler d’un sujet qui mûrit depuis un moment déjà, j’ai nommé la très célèbre application Yuka. 
Elle est arrivée, tel un raz de marée en 2016, investissant les smartphones français en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, si bien que scanner les codes barres des aliments est devenu un véritable toc pour beaucoup.

Comment ça marche ? 

Pour les rares qui ne la connaissent pas, le principe est ingénieux et ludique puisqu’il s’agit donc de scanner le code-barre des aliments du commerce à l’aide de l’appli pour en obtenir les informations nutritionnelles et santé. En pratique, chaque code barre est rattaché à un aliment dont la liste des ingrédients et la composition nutritionnelle est décortiquée par l’application.

Pourquoi un tel succès ?

Parce que pour le commun des mortels, décrypter une liste d’ingrédients et surtout d’additifs (késako le E473 ou le E160b ?) et plus encore déchiffrer un tableau des nutriments (c’est beaucoup 15 g de sucre pour 100 g?) relève du casse-tête. Et quand une application gratuite fait le job à notre place en quelques secondes, soit le temps nécessaire pour ouvrir l’appli et scanner le code barre, on n’hésite pas très longtemps. Les quelques 5 millions de téléchargement depuis sa sortie en sont la preuve. 

Mais alors, c’est bien ?

J’imagine que vous me voyez venir avec mes gros sabots, quand j’aborde un sujet ici, c’est sans langue de bois et après l’avoir passé au crible. Et si j’ai été, comme tout le monde, super emballée par le principe et le côté ludique de cette appli, j’ai aussi rapidement été confrontée à ses erreurs et incohérences. 

Erreur dans la saisie des données 

La première, et de taille, c’est que l’application est alimentée quotidiennement par l’utilisateur, sans réel contrôle de l’exactitude des données saisies. Ça peut paraître logique dans la mesure où le nombre de produits alimentaires vendus dans le commerce est inexhaustible et où des centaines de nouveaux aliments sont commercialisés chaque jour. 
Les concepteurs de Yuka ont donc eu l’idée de mettre à contribution ses utilisateurs pour rentrer les informations nutritionnelles d’aliments qui n’auraient pas déjà été référencés, pour en enrichir gratuitement la base de donnée. 

L’idée serait bonne si la création d’une fiche aliment n’était pas une si grande source d’erreur. Parmi les questions requises lors de la création d’une nouvelle fiche « aliment » :

l’aliment est-il Bio ? 
La question semble simple et pourtant la réponse est sujette à erreur ! Un produit est bio uniquement s’il affiche le label bio européen (logo feuille blanc sur fond vert). Mais beaucoup de logos et de certifications prêtent à confusion, c’est ainsi qu’on se retrouve avec des produits mentionnés bio par Yuka qui ne le sont pas.

Contient-il des fruits, légumes ou noix? 
Et si la réponse est oui, on nous demande en quelle proportion (curseur allant de 0 à 100%). Inutile de préciser que la réponse est loin d’être évidente puisque si les ingrédients sont détaillés, leur quantité précise ne l’est pas forcément. 

 Et bien sûr reste la marge d’erreur de remplissage des données : protéines, lipides (dont acides gras saturés), glucides (dont sucre) etc … 
Il n’est donc pas rare (pour ne pas dire fréquent), que les fiches d’aliments soient erronées, ce qui est tout de même ennuyeux sachant que la fonction de Yuka est de l’analyser. La bonne chose : il est possible de faire corriger les erreurs que l’on constate en contactant « Julie de Yuka ».


Une analyse commune pour des aliments aux fonctions nutritives très différentes

C’est le deuxième point noir de l’application Yuka, qui analyse tous les aliments selon les mêmes critères. Que ce soit un plat préparé sensé faire office de repas complet, un condiment (assaisonnement, huile, sucre …), des gâteaux pour le goûter, un produit laitier, des biscuits apéro ou encore une boisson, tout est soumis aux mêmes algorithmes d’analyse. Et surtout, tout est calculé aux 100g de produits et non à la portion consommée! 

Yuka met donc par exemple sur le même plan du sucre de cannes bio et des lasagnes surgelées.
 Etrange non? 

Ce qui donne lieu à des analyses cocasses du genre : le sucre de canne bio est médiocre car trop sucré (certes, mais on ne le mange pas à la petite cuillère). 
Et ce qui explique également que l’immense majorité des biscuits du commerce soient au mieux médiocre au pire mauvais parce que « trop sucrés » et « trop caloriques ». 
A côté de ça, pratiquement tous les plats préparés surgelés (lasagnes, risotto, riz cantonais et Cie) naviguent entre le médiocre et l’excellent, puisqu’il est évident qu’ils apportent moins de calories et de sucre aux 100g que les biscuits et autres goûters que l’on met dans les cartables de nos enfants. Mais ils n'ont pas la même fonction dans notre alimentation, et on n'en consomme pas la même quantité ! 
Quand une barquette de lasagnes de 350g qui n’apporte « que » 2 g de sucre pour 100g, contient au total 7 g de sucre, soit 1 morceau 1/2 de sucre, est gratifiée d’un « excellent! » par yuka, je tique. 

L’absence de distinction entre les sucres naturels et les sucres raffinés, et l’absence de notion d’indexe glycémique 

C’est pourtant le nerf de la guerre en nutrition ! Comment peut-on mettre sur le même plan un ajout de saccarose (sucre blanc) et le fructose naturellement compris dans des fruits? Et ne pas distinguer un aliment à l’index glycémique bas et un autre à l’index glycémique élevé alors qu’on sait aujourd’hui à quel point ils n’ont pas le même effet sur l’organisme? 

La non prise en compte de la transformation du produit 

Pourtant, en février dernier, une étude de grande envergure menée par la revue médicale britannique BMJ a confirmé ce que l’on craignait : la consommation régulière d’aliments ultra-transformés est bien liée à un risque accru de cancers. Plus précisément : « une augmentation de 10 % de la part d’AUT (aliments ultra-transformés) est associée à une hausse de 12 % du risque global de cancer, notamment du sein, l’un des plus fréquents. »

Ainsi, des soupes déshydratées, des biscottes (grillée à haute température), des chips fajita (?!) ou encore des conserves de légumes vont être dotées de pastilles vertes, alors qu’on sait que la cuisson haute température, la déshydratation, la dessiccation ou le soufflage (céréales) altèrent les molécules et sont susceptibles de former des composés cancérigènes. 

Dans quelle mesure peut-on s'y fier alors ?

Il y a plein de choses bonnes à prendre dans Yuka, heureusement. Le passage au crible des additifs est notamment d’une aide précieuse, puisqu’il est illusoire de savoir faire le tri entre tous les E-quelque-chose et qu’on est bien content d’apprendre que nos céréales préférés sont bardés de E472e nocifs, et de s’en voir proposer d’autres mieux notés.
De même, on peut relativiser les informations telles que « trop sucré », qui sont monnaie courante sur les biscuits, gouters et gâteaux. Gardez en tête que si des tartines beurre/confitures étaient dotées d’un code barre, Yuka les clouerait aussi au pilori ! 
En revanche, prenez avec des pincettes les pastilles vertes des plats préparés et pensez toujours à rapporter les quantités de sucre et de sel aux portions consommées, et non pas juste aux 100g.
Et surtout, n'oublions pas que les meilleurs aliments sont encore ceux qui n'ont pas de code barre : fruits et légumes frais, oléagineux en vrac, viande du boucher, poisson de poissonnerie, pain complet de boulanger ... 

 L’appli Yuka est imparfaite mais en perpétuelle amélioration ce qui laisse présager que les points soulevés ci-dessus vont sans doute être améliorés dans le futur. 






5 commentaires

  1. Bonjour
    Bon retour :) Merci pour cet article bien intéressant car effectivement, il y a des choses qui me font "tiquer" sur yuka sans que je puisse mettre exactement le doigt dessus ...
    Une aide donc, mais à ne pas suivre les yeux fermés (un peu comme tout en fait :) )
    Bonne journée
    Valérie
    (bleulecitron sur instagram)

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    Réponses
    1. Merci Valérie !
      Moi même j'ai mis un certain temps à mettre le doigt sur toutes les choses qui me faisaient tiquer lorsque j'utilisais Yuka. Contente d'avoir pu t'éclairer alors :)

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  2. Bonjour,

    Cela rejoint des avis épars (mieux que rien, mais loin d'être parfait). On m'a conseillé de tester https://fr.openfoodfacts.org/, je vais tenter de faire une comparaison entre les deux.

    Cordialement,
    Cédric

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  3. Super article merci de cet aspect critique qui manque un peu dans la société d'aujourd'hui 😊

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