« Plus que deux mois pour être au top pour la plage » « Belle en maillot » « préparer son corps pour l’été » « Les secrets du régime bikini ».
Quelques semaines déjà que la presse féminine regorge de ce
genre de papiers (les fameux marronniers), avec en Une, une ravissante (très)
jeune femme, (très) mince, généralement bronzée et huilée qui n’a
vraisemblablement jamais entendu parler du phénomène qui touche pourtant 99% de
la gente féminine à savoir la cellulite.
Cette extra-terrestre femme qui illustre ces
articles est donc supposée être LE modèle à atteindre pour pouvoir s’exposer en
maillot de bain.
Petit rappel des faits pour mieux comprendre l’aberration de
la chose : la femme française
« standard » qui arpente trottoirs et plages
mesure en moyenne 1 m 65 pour 63 kilos (Indice de Masse Corporelle de 23,3) et
s’habille en 40, avec 40% des femmes françaises s’habillant en taille 44 et plus. Ça,
c’est la vraie vie.
Sur papier glacé ?
Un monde virtuel, peuplé de corps déliés aux mensurations
extrêmes tente d’imposer une vision, plus encore de la beauté, de la normalité.
Les mannequins mesurent entre 1m73 et 1m79 pour un poids moyen de 55 kg, pour un
IMC flirtant avec le 17, lorsque les normes définies par l’OMS se situent entre
18,5 et 25. Une apologie de la maigreur à peine déguisée en somme.
Et si un IMC très bas (en dessous de 18) peut être
physiologique chez certaines, seulement 3% de la population française ont
naturellement cette morphologie.
Il n’y a que moi que ça choque ?
Probablement pas. Et pourtant, depuis que je suis en âge de
lire la presse féminine, ces articles reviennent chaque printemps. Chaque année, ils font germer un message
biaisé et malsain dans les esprits de jeunes filles dont le corps s’affirme, chaque
année ils enfoncent un peu plus le clou de ce même message à toutes les autres
femmes, déjà prises au piège de leurs filets.
C’est comme ça que 63%
des femmes se mettent au régime alors qu’elles n’en ont pas besoin.
Et c’est là que le bât blesse, parce que les régimes
pré-plage ne sont généralement ni les plus souples, ni les plus raisonnables.
Il s’agit de perdre vite, dans l’urgence de l’échéance « bikini » et
avec les moyens extrêmes : privation, déséquilibre et frustration.
Quand ce genre de régimes fonctionne « bien » à 20
ans (objectif bikini atteint), les commencer si jeune et sans réel surpoids
revient à mettre le doigt dans un engrenage dont il est difficile de
s’extirper.
Un genre de cercle vicieux infernal où s’alterneront les
phases de restrictions/frustrations aux phases de compensation/craquage (c’est
bon, j’ai mon bikini body, maintenant je peux craquer sur glaces et beignets
qui m’ont tellement manqué).
La bonne nouvelle, c’est qu’il semblerait que ces dernières
années, de plus en plus de femmes et de marques pointent du doigt ces
invraisemblances. Pourquoi la femme papier glacée est-elle si peu
représentative de la femme lambda ?
Pourquoi des morphologies si éloignées des standards
nationaux devraient être des modèles à atteindre pour pouvoir s’assumer et
s’aimer en maillot de bain ?
L’été dernier, la très inspirante Laura Calu a lancé un pavé
dans la mare avec le hashtag « Objectif bikini ferme ta gueule »,
invitant toutes les femmes, à poser en bikini sur les réseaux sociaux, quelle
que soit leur morphologie. Initiative rafraichissante qui a réuni pas loin de
13 millions de post sur Instagram !
La brèche est ouverte et d’autres hashtag s’en mêlent, bousculant
cette quête de la perfection : #Thighreading invite les femmes à ne plus
avoir honte de leurs vergetures, puis #cellulitesaturfay, #FineWomenThatAreFat
ou encore #bodypositive font la nique aux fit girls influentes.
Côté loi, les choses commencent aussi à bouger : la
mention « photo retouchée » est obligatoire depuis le 1er
octobre 2017 sur les clichés à usage commercial, et la loi mannequin obligeant
les modèles à fournir chaque année un justificatif médical attestant qu’il ne
sont pas excessivement maigre pour travailler est passée en mai 2017. Deux
mesures qui, si elles ne sont pas encore révolutionnaires, ont le mérite de pointer
du doigt ces aberrations.
Mieux encore, de plus en plus de marques font poser des
femmes aux formes et mensurations plus proches des standards nationaux, sans
pour autant qu’il s’agisse d’une ligne « king size » ou « size
plus ». Merci notamment à H&M, Asos,
Baya,
Princesse
Tam.Tam ou encore Kiabi
qui n’hésitent pas à dévoiler des mannequins toutes en formes et rondeurs.
Bravo aussi aux initiatives plus personnelles mais non moins
efficaces, telles que The Nu Project , le très beau projet photo
de Matt Blum qui met à l’honneur la « femme normale », célébrant les
différences et sublimant les prétendues imperfections.
Alors le bikini body c’est quoi ?
C’est un body dans lequel on est bien, même s’il est très
éloigné des diktats de beauté. C’est un body que l’on n’a pas peur de montrer
parce que c’est en l’aimant et en l’affichant sans complexe que, petit à petit,
les choses vont changer.
Et surtout, parce qu’aimer son corps est une étape
indispensable pour en prendre soin.
Un corps que l’on n’aime pas et que l’on cache, c’est
souvent un corps que l’on va négliger voire punir, de ne pas correspondre à un
modèle insensé.
Célébrons donc la diversité des corps : nous avons
toutes un bikini body, n’ayons pas peur de le montrer !
Et vous, vous en êtes où par rapport à ça? En mode militante et assumée? Convaincue mais toujours tentée de céder aux sirènes de la minceur? Pas convaincue du tout : pas possible de se mettre en bikini si je ne me sens pas mince?
Venez, on en parle !
Besos todos
Bonjour. Je suis partiellement en désaccord avec vous qd vous zappez les conséquences du surpoids sur la santé à long terme.
RépondreSupprimerJe me permets de donner mon humble avis nourri de mes modestes connaissances exclusivement empiriques puisque je n ai que le bac
Et que je suis producteur d amandes au Maroc. Pratiquant du sport assidûment depuis 38 ans (j en ai 61 )j ai remarqué que depuis que mon imc est passé à 18 il y qq mois mes performances sportives (tt en restant celles d'un senior) ont atteint un niveau inégalé : ce n est que depuis que je peux jouer 2 heures au tennis. Quand je vois l état de santé des gens de mon âge je me dis que la corrélation surpoids/vieillissement prématurées patente.
Ceci dit je suis conscient que l addiction aux calories est si profondément ancrée que peu de personnes trouvent la volonté de s en défaire.
Bonne journée.