Si tu n'as plus faim, ne finis pas ton assiette!


Je reviens sur un point qui me semble primordial dans la quête d’un rapport sain et décomplexé avec la nourriture, clé d’un poids stable et confortable : le respect de la satiété.

Nous avons tous ou presque, été élevés au son du sempiternel « finis ton assiette », que ce soit par nos parents, à l’école, nos grands-parents ou quelconque autre figure autoritaire, inquiets pour notre croissance et notre santé.
Auquel était souvent ajouté « pense aux pauvres petits enfants qui n’ont rien à manger » : chose qu’un enfant de quelques années ne peut absolument pas intégrer, mais qui fait son chemin jusqu’à l’âge adulte.

Je ne jette la pierre à personne, tout part d’une volonté de bien faire : l’enfant doit se nourrir et manger de tout pour bien grandir, et effectivement personne ne cautionne le gaspillage alimentaire.
Moi-même, aujourd’hui adulte et maman, j’ai bien souvent le réflexe de convaincre mes enfants en mendiant « une dernière bouchée ? » mais je m’efforce toujours à ne pas trop insister, bien consciente de l’impact de la démarche.

Pourquoi ?

Parce que les enfants, vierges de toute notion d’équilibre, de restriction, de poids, de règles diététiques, et avec seul régulateur alimentaire leur estomac leur envoyant les messages de faim au moment précis où l’organisme a besoin d’énergie et de satiété quand il n’en a plus besoin, sont tout à fait à même de se réguler (presque) parfaitement. Pourquoi « presque » ? Parce qu’il va sans dire qu’il est quand même souhaitable de leur proposer dans l’ordre les aliments nutritifs (viande/poisson/légumes/féculents/laitages/fruits) et seulement ensuite les aliments plaisirs (confiseries, chocolat, gâteaux) et non l’inverse.

Une grande majorité des personnes en surpoids, ou ayant un rapport compliqué avec la nourriture, sont des personnes qui traînent ce bagage depuis l’enfance, cette conviction ou ce réflexe qu’il faut terminer son assiette, et la raison la plus souvent invoquée est « pour ne pas gâcher ».
Mais prenons l’exemple d’une femme qui cale aux ¾ de son assiette de pâtes carbonara (ou quinoa/huile d’olive/saumon : version plus « saine » mais non moins calorique) : les 3 cuillères à soupe qu’elle va manger sans faim pour « ne pas gâcher » lui apporteront l’équivalent de 100 calories. Calories dont elle n’a pas besoin donc, susceptibles d’être stockées sous forme de graisses.

Pour peu que la situation se répète aux deux repas principaux, cette femme mange 200 calories au-dessus de ses besoins chaque jour, soit 1400 calories en trop par semaine, soit une potentielle prise de 150 g de masse grasse par semaine, soit 7.2 kg par an ! C’est évidemment très schématique et théorique, mais en pratique, si cette femme qui mange légèrement au-dessus de sa faim à chaque repas, sans compenser sur le repas suivant (c’est généralement le profil qui ne compense pas naturellement), la prise de poids est régulière et significative chaque année.

Certes, le gaspillage alimentaire est un sujet qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques temps : chaque année les français jetteraient 140 kg de nourriture, mais les principaux problèmes incriminés dans ce gaspillage alimentaire ne sont pas les quelques cuillères laissées au fond d’une assiette. 

Les solutions?

Commençons par gérer correctement nos achats de produits périssables : fruits, légumes, laitages, viandes et produits carnés … qui finissent trop souvent dans les poubelles avant même d’avoir été entamés.  

Puis, essayons de ne pas avoir « les yeux plus gros que le ventre » en calibrant les portions avant de cuisiner, et en servant des petites assiettes quitte à se resservir ensuite.
Il est aussi possible de conserver les restes pour le repas suivant : j’ai personnellement un stock de mini Tupperware dans lesquels je mets des mini portions, et au bout de quelques jours je me fais une assiette assortiments de restes.

Enfin, si vous êtes au restaurant et qu’aucune de ces options n’est possible (le doggy bag n’est pas toujours proposé, ni bien vu ni), dites-vous bien que cette fin d’assiette, dont votre organisme n’a plus besoin, ne sera pas plus gâché dans la poubelle du restaurant, que dans votre estomac.
Ce n’est pas parce que vous mangez trop que vous compenserez le fait que certains malchanceux ne mangent pas assez, et il est primordial que vous considériez votre corps comme la chose la plus précieuse que vous ayez et non pas comme une poubelle.

Un grand merci de nouveau à Télématin qui a mis les Frites Vertes à l'honneur samedi, et bienvenue à tous mes nouveaux lecteurs!



8 commentaires

  1. Coucou !
    Samedi, j'étais en formation, je n'ai pas pu voir Télé Matin, je râle ! Je me suis aussi abonnée mais je n'ai pas été avertie de ta publication.
    Travaillant dans la petite enfance, s'il y a bien une chose qu'on nous répète à chaque formation : ne jamais obliger un enfant à finir son assiette. Pas facile de faire changer les mentalités avec ça ! Par contre j'insiste un peu pour les légumes.
    Pour les restes, je les congèle dans une boite individuelle et mon époux en prend une chaque matin pour déjeuner au travail.
    je te souhaite une belle journée, gros bisous !
    PS : en venant découvrir ton blog, des personnes ont aussi cliqué sur mon blog, mes stats ont monté, monté....merci à toi !

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    1. Coucou Carole!
      Arf, je m'arrache les cheveux avec ces histoires d'abonnements/newsletters, merci de m'avoir signalé que ça ne marchait toujours pas !
      Contente de savoir que les formations actuelles en petite enfance véhiculent ce message, c'est déjà une étape importante!

      et pour le PS : ravie de pouvoir renvoyer un peu l'ascenseur, à toi qui me suis depuis le début ;)

      Des bises et bonne journée!

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  2. Je plussoie pour les petites assiettes, c'est comme ça que j'ai toujours servi mes enfants ! En période de grosse faim, je les resservais tant qu'ils voulaient, en période de petite faim, ils mangeaient une petite assiette et basta (et s'ils ne la finissaient pas, no problemo - fallait juste pas venir quémander du dessert après).
    Je fais la même chose pour moi, mais le plus difficile, c'est au resto ou au travail, quand la portion est pré-mesurée. Je travaille à "lâcher" et effectivement, accepter que, comme le dit Zermati, mon corps n'est pas une poubelle, et c'est autant du gaspillage de manger sans faim que de jeter...

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    1. Oui, je suis bien d'accord avec toi pour le "problème" des portions pré-mesurées en restauration, et je trouve d'ailleurs qu'il y a un truc à creuser de ce côté là.
      Les besoins d'une personne à une autre étant différents, il faudrait que les restaurateur proposent différentes tailles de portion : Un homme a des besoins caloriques plus importants qu'une femme, une personne jeune a des besoins plus élevés qu'une personne âgée, un grand sportif qu'un sédentaire etc ... (j'imagine que logistiquement, ça rendrait les choses plus compliquées en cuisine, mais je crois que le jeu en vaudrait la chandelle sur le plan santé et gaspillage alimentaire)

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  3. Je me suis efforcée de fonctionner de cette manière avec mon fils de 8 ans et pourtant, je vois qu'il grossit quand même !
    Ca m'inquiète beaucoup car étant obèse moi même, j'ai l'intime conviction qu'il y a un "terrain favorable" et ça me stresse.
    Son père qui est un obèse en "sursis" (il a bcp maigri mais n'est pas un mangeur régulé pour autant) le sermonne pas mal au sujet de ce qu'il mange et j'ai le sentiment qu'on est en train de dériver vers un endroit ou on ne voulait pas aller!
    Ca m'énerve car il mange de tout (il a très bon appétit et peut se resservir comme il le souhaite), il mange peu de sucreries et pas de sodas (je ne le prive pas, il n'aime pas ça), il fait du sport, il se bouge...je ne comprends plus rien!!
    Des conseils à me donner pour ne pas finir par le mettre au régime (j'en crève d'envie même si je sais que c'est le mal absolu !!)?

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  4. Bonjour Audrey!
    Je t'invite à aller lire mon billet sur l'alimentation des enfants http://lesfritesvertes.blogspot.fr/search?q=enfant
    A priori, les enfants en surpoids ou obèse le sont parce qu'ils sont prédestinés génétiquement à l'être, ce qui rend un régime difficile si eux ne sont pas demandeurs.
    On conseille des règles simples : proposer de tout et notamment des légumes à chaque repas, des féculents, des protéines maigres et des fruits, limiter les aliments très gras et/ou sucrés (charcuteries, hamburger, frites, bonbons, nutella ...) sans les supprimer totalement (ça les rends plus attractifs encore) et tant que faire se peut ne pas les brimer. On essaye aussi bien sûr de les faire "bouger" un maximum (sport, promenade, vélo, jeux de plein air ...).
    A ce stade, les mettre au régime risque de provoquer l'effet inverse de celui escompté, en rendant compliqué et conflictuel leur rapport à la nourriture.
    Le jour où leur poids sera un problème pour eux et qu'ils seront demandeurs (généralement à l'adolescence) on peut alors entreprendre un régime parce qu'il sera accepté et compris.

    Bon courage à toi et surtout, ne culpabilise pas et évite de rentrer en conflit avec lui sur ce sujet pour le moment!

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  5. Bonjour,

    Tout à fait d'accord avec ton article, j'arrive assez facilement à l'appliquer pour ma fille mais pour moi... autre problème. Ce n'est pas forcément dans les moeurs et les habitudes et le pire, ce sont les diners chez les amis qui sont souvent plus riches que ce que l'on mange habituellement alors comment ne pas vexer l'hôte si on ne finit pas son assiette...?
    Autre question que ton article me soulève, qu'en est-il du "c'est l'heure du repas, mais je n'ai pas faim?" il m'arrive régulièrement de ne pas avoir vraiment faim à l'heure du déjeuner (heure de pause plus ou moins imposée par mon travail) ou bien même le soir. Que faire dans ces cas là? Manger quand même? Attendre que la faim vienne au risque de se retrouver en décalage? Je ne sais jamais trop comment gérer ces moments là.
    J'en profite pour te dire bravo pour ton blog que je prends plaisir à lire sans jamais avoir commenté!

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    1. Bonjour et merci pour ton intérêt pour mon blog et ton commentaire!
      Effectivement, les grands principes "manger quand on a faim et s'arrêter quand on est rassasiés" sont en pratique souvent délicats à appliquer.
      Pour ce qui est des pauses repas imposées : tu peux essayer de manger moins le matin afin d'avoir faim plus tôt à midi? Le soir, tu peux en revanche repousser au maximum l'heure du dîner, quitte à dîner tard voire sauter le dîner. Il semblerait que lorsqu'on commence à écouter son corps pour manger, si on passe effectivement par une période de "décalage" par rapport aux autres, on retrouverait en fait assez vite le rythme traditionnel qui est finalement encrés dans nos habitudes.
      Pour les repas chez des amis : je crois qu'il faut aussi savoir de temps en temps faire des pauses dans nos principes et accepter de manger un peu "trop" tant que ça reste un plaisir occasionnel.
      Bonne journée! :)

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